Une photo, Une histoire
J’aimerai partager avec vous l’histoire d’une de mes photos de montagne qui fait partit de mon exposition « TERRIEN ».
J’ai appelé cette photo: « Les Revenants ».
Elle dégage une ambiance comme je les aime… cotonneuse à souhait… Et pourtant, ce jour là, j’ai vécu ma plus grande frayeur en montagne.
Nous partons pour l’ascension du Mont Thabor en 2 jours, avec une nuit au refuge du Mont Thabor (Massif des Cerces, Hautes-Alpes). La visibilité semblait bonne malgré le vent qui soufflait très fort. Le but était d’atteindre le refuge malgré les mauvaises conditions du 1er jour, et atteindre ce sommet qui culmine à 3178m le lendemain. La météo devrait être alors plus clémente.
Le départ se passe très bien, la neige est incroyablement légère. Nous nous réjouissons à l’idée de la skier le lendemain. Nous sommes excités d’être là et de découvrir un coin que nous ne connaissons pas. Mais d’un coup, après environ 3h de montée les nuages descendent à notre niveau nous privant de toute visibilité. C’est à peine si nous pouvons voir le bout de nos skis. Nous ne connaissions pas le terrain, mais même si c’était le cas nous aurions été incapable de nous repérer. Nous pensons à faire demi tour en suivant nos traces, mais impossible le vent a tout effacé en soufflant la neige légère. Impossible de dire d’où nous venons! Nous ne savons plus dans quel sens avancer, nous avons perdu le nord.
Nous arrivons sur un petit chalet de pierre, ensevelit sous la neige. Nous décidons de nous y abriter, mais le chalet est fermé bien sur. Nous nous blottissons contre un mur mais le vent et le froid sont trop violents. Au bout de 10 minutes je ne sent plus mes mains et nous sommes recouverts de neige. Nous devons rester en mouvement si nous ne voulons pas congeler sur place. Comme nous avons prévu de dormir en refuge, nous avons juste un petit duvet léger et pas de tente. Une nuit dehors n’est pas envisageable!
Nous savons que le refuge n’est plus très loin, et prenons la décision de poursuivre. Nous gardons en tête qu’il y a des barres rocheuses à droite et à gauche de notre itinéraire mais nous ne savons pas où exactement. Nous avançons à pas lent avec la peur au ventre. Comme 2 débutants nous avons une carte mais pas de boussole. Et même si c’était le cas, aurions nous réussit à nous repérer dans ce blanc? Nous ne voyons aucun détail, aucun relief, nous suivons notre instinct. quel soulagement lorsque nous parvenons à distinguer un panneau qui nous indique le refuge à 40 minutes. Ouf, nous sommes au bon endroit!
Puis une très brève éclaircie nous permet d’entrevoir le refuge et de repérer l’itinéraire, quel soulagement. 30 minutes plus tard nous arrivons, frigorifiés. La soupe nous attend. Elle nous réchauffe et nous réconforte. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eut peur. L’accueil au refuge est chaleureux, ils savent ce que nous venons de vivre.
Le lendemain, la visibilité est toujours nulle. Nous décidons de suivre un groupe qui a un GPS, un gars connait bien le coin, il semble confiant. Le temps doit se dégager dans la journée, c’est ce qui est prévu. Mais après 30 minutes de montée, nous sommes à nouveau perdus. Le GPS semble ne pas suffire pour trouver son chemin…Nous sommes un peu refroidis par notre expérience de la veille.
Nous redescendons, heureux d’avoir survécu à cette aventure. Nous nous sentons comme 2 revenants.
Je prend ce cliché en souvenir d’une bonne leçon apprise en montagne. Même pour une simple randonnée avec de bonnes conditions de neige, la montagne n’est jamais à court de surprises.
Depuis la boussole est accrochée à mes clefs de voiture, je ne risque plus de l’oublier!
Le lendemain, lors d’une randonnée au Col de Labby, nous rencontrons un gars du PGHM (secours en montagne) qui nous apprend qu’un groupe de militaires (les chasseurs alpins) en entrainement s’est fait prendre par le brouillard la veille sur un versant du Thabor, de l’autre côté de la barre rocheuse qui nous surplombait. Ils ont creusé un trou dans la neige pour s’abriter, mais 2 d’entre eux ne sont jamais revenus. Nous mesurons alors notre chance. Mais eux… ils devaient bien avoir une boussole et surement un GPS! Que s’est il passé? Pourquoi ne sont-ils pas redescendu?
Aujourd’hui, avec le recul, je pense qu’un guide invisible était avec nous. Un ange gardien. Lors de la descente nous avons reconnu un endroit ou nous étions passés la veille, à côté du chalet où nous nous étions abrités. Nous sommes passés très prêt d’un pont de neige qui se serait surement écroulé si nous avions marché 10m plus à droite. Parfois… il s’en faut de peu… Ce n’était pas notre heure.
PS: La neige était monstre bonne à skier…
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